Ce qui frappe dans ce titre, c’est la maturité artistique de Zayen. Loin de se contenter d’un simple refrain accrocheur, il construit une narration riche, servie par des mélodies envoûtantes et des arrangements soignés. L’artiste ne se contente pas de chanter. Il raconte, il dénonce, il alerte. Dans ce clip, il donne voix à ce jeune Algérien qui quitte son pays, ébloui par les promesses d’un ailleurs radieux. Montparnasse, quartier mythique de Paris, devient le symbole de ces rêves vendus par les images lisses de l’Occident.
La scène musicale algérienne vient d’enregistrer une œuvre poétique et musicale de haute facture. Zayen, auteur-compositeur et interprète au talent indéniable, frappe fort avec son nouveau clip «À Montparnasse», une création entièrement personnelle, qui confirme son ascension fulgurante. Dix mois après sa reprise magistrale d’«El Dzayer Taziztiou», hommage vibrant à Cheikh Noureddine et Slimane Azem, l’artiste, originaire de Lemsala, revient avec une œuvre poignante, déchirante, qui explore les désillusions de l’exil avec une rare intensité. Depuis sa sortie en France jeudi dernier, le clip enflamme les réseaux sociaux, provoquant débats et émotions sur facebook et YouTube, où les commentaires s’accumulent, témoignant d’une résonance profonde.
Zayen ne se contente pas de chanter. Il raconte, il dénonce, il alerte. Dans «À Montparnasse», il donne voix à ce jeune Algérien qui quitte son pays, ébloui par les promesses d’un ailleurs radieux. Montparnasse, quartier mythique de Paris, devient le symbole de ces rêves vendus par les images lisses de l’Occident.
Mais très vite, le mirage s’effrite. Sans papiers, sans travail, sans toit, le protagoniste se retrouve piégé dans une spirale de précarité, loin des rues dorées qu’il avait imaginées. Le message de Zayen est sans appel : «Le visa n’est pas un projet de vie !» Une phrase qui claque comme un rappel à l’ordre, une mise en garde adressée à cette jeunesse tentée par le départ, souvent inconsciente des épreuves qui l’attendent.
Ce qui frappe dans ce titre, c’est la maturité artistique de Zayen. Loin de se contenter d’un simple refrain accrocheur, il construit une narration riche, servie par des mélodies envoûtantes et des arrangements soignés. Il s’inscrit dans la lignée des grands maîtres de la chanson algérienne, tout en imposant sa propre signature, à la fois moderne et profondément ancrée dans les réalités sociales. Après avoir rendu hommage aux légendes, l’auteur du mythique tube «Baden-Baden» prouve qu’il a toujours été un créateur à part entière, un artiste complet capable de porter des textes engagés sans sacrifier l’émotion musicale.
La sortie de ce clip n’est pas anodine. Elle intervient à la veille du Festival celto-berbère, où Zayen a partagé la scène avec d’autres figures marquantes de la culture algérienne, comme Baâziz, Nadia Rayane ou Farid Galaxie, ainsi que des artistes bretons. Un cadre idéal pour amplifier son message, au-delà des cercles habituels. Car «À Montparnasse» n’est pas qu’une chanson, c’est un miroir tendu à une génération, un appel à la lucidité dans un monde où l’immigration reste un sujet brûlant, souvent traité avec angélisme ou démagogie. Zayen, lui, ose montrer la face cachée du rêve européen, sans faux-semblants.
Avec cette nouvelle œuvre, Zayen confirme qu’il est bien plus qu’un chanteur. Il est un conteur, un témoin, une voix qui refuse de se taire. Dans un paysage musical parfois formaté, il assume une démarche artistique exigeante, où chaque note, chaque mot, a sa raison d’être. «À Montparnasse» n’est pas un divertissement. C’est une expérience, une claque, un chant d’amour et de révolte qui continue de vibrer longtemps après la dernière note. Et c’est, peut-être, ça, la vraie force de Zayen, à savoir transformer la musique en arme de sensibilisation massive, sans jamais oublier de toucher le cœur.
Alors que le clip continue de circuler, une chose est sûre, Zayen n’a pas fini de faire parler de lui. Et c’est tant mieux. Parce que des artistes comme lui, capables de mêler talent, engagement et sincérité, on en a besoin.
Farid Belgacem