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Vague de condamnations après les propos de Belghit sur l’amazighité

 

La récente intervention de l’historien Mohamed Amine Belghit sur la chaîne émiratie Sky News Arabia a déclenché une tempête de réactions en Algérie. En qualifiant l’amazighité, pourtant reconnue comme composante fondamentale de la nation algérienne, de «création des services secrets français et sionistes», Belghit a touché une corde sensible, l’unité et l’identité nationale. Ses propos ont suscité une condamnation unanime des institutions officielles, des représentants de la société civile et des intellectuels qui y voient une menace pour la cohésion sociale et une négation de l’histoire plurielle du pays.

Dans un communiqué ferme, le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) a dénoncé, hier, ces déclarations comme une attaque contre «l’un des piliers de l’identité authentique» de l’Algérie, rappelant que la Constitution algérienne consacre l’amazigh langue nationale et officielle, aux côtés de l’arabe, et rejette toute tentative de division. «L’Algérie est un pays fort, enrichi par sa diversité, et sa solidarité nationale reste son bouclier intangible», affirme le HCA, soulignant que «les discours de haine et de discrimination sont criminalisés par la loi».

L’institution met en garde contre les risques de tels propos, qui menacent «la sécurité nationale» et «le vivre-ensemble», précisant que «l’identité nationale n’est pas un sujet de doute ou de marchandage», tout en appelant à une «application stricte des textes pour préserver l’unité du pays».

 

Les dignitaires du Tassili N’Ajjer exigent une enquête

Du côté des représentants de la société civile, la réaction a été tout aussi vive. Les dignitaires du Tassili N’Ajjer ont condamné avec force les déclarations de Belghit, exigeant «l’ouverture d’une enquête». Dans un communiqué, ils ont qualifié ses propos de «dangereux et complotistes», rappelant que «l’amazighité est un élément constitutif de l’identité algérienne et nord-africaine, consacré par la Constitution».

«Ces déclarations révèlent une méconnaissance totale de l’histoire et des constantes nationales», ont-ils affirmé, réaffirmant leur attachement à une Algérie unie, riche de ses multiples appartenances : amazigh, arabe et africaine.

La polémique a rapidement envahi les réseaux sociaux, où des milliers d’internautes algériens ont exprimé leur colère face à ce qu’ils perçoivent comme une négation de leur identité. Des hashtag ont circulé massivement, reflétant l’ampleur du rejet de ces déclarations.

Dans les milieux universitaires et intellectuels, la réaction a été sans appel. Plusieurs historiens et chercheurs ont rappelé que l’amazighité remonte à des millénaires, bien avant l’existence des services secrets français ou sionistes. Pour eux, les propos de Belghit relèvent soit d’une ignorance profonde, soit d’une instrumentalisation politique visant à diviser.

Rappelant que la reconnaissance officielle de l’amazigh comme langue nationale et officielle en 2016 avait marqué une étape importante dans la consolidation de l’unité nationale, les internautes indiquent que la sortie de cet historien n’est pas anodine, à commencer par le choix du canal de télévision où il s’était exprimé.

Les déclarations de Belghit risquent d’alimenter des clivages, d’autant qu’elles ont été diffusées sur une chaîne étrangère, ce qui ajoute une dimension géopolitique au débat. Certains observateurs y voient «une tentative de déstabilisation externe», car au-delà des condamnations morales, la question se pose désormais de savoir si des poursuites seront engagées contre Mohamed Amine Belghit. En effet, les lois algériennes criminalisent les discours de haine et les atteintes à l’unité nationale.

Dans un monde où les manipulations médiatiques et les ingérences étrangères se multiplient, l’Algérie devra plus que jamais veiller à préserver son unité, tout en assumant la richesse de sa diversité. Car comme le rappelle le HCA, «l’Algérie est une et indivisible, par son histoire, ses langues, ses valeurs et l’intégrité de son territoire».

Yanis Aït-Lamara

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