Un rapport d’inspection interministériel, rendu public samedi dernier, a alerté sur «l’échec global de la préservation de la qualité de l’eau destinée à la consommation» en France, en ce qui concerne la gestion des pesticides. Ce rapport, réalisé par les ministères de la Santé, de la Transition écologique et de l’Agriculture, juin dernier, révélé par le média Contexte, pointe des «progrès très limités dans la lutte contre la pollution par les substances phytosanitaires, malgré quelques actions locales».
Le rapport met en lumière «la gestion défaillante des non-conformités liées aux pesticides et à leurs métabolites (les molécules issues de leur dégradation, souvent toxiques) dans l’eau potable». Selon les inspections, la situation reste
«préoccupante» avec une présence persistante de ces substances dans les ressources en eau, particulièrement dans les zones de captage d’eaux souterraines.
Face à ce constat, le rapport préconise des mesures «urgentes», notamment «l’interdiction immédiate de l’usage des pesticides les plus polluants sur les aires de captage les plus contaminées». Il propose également de renforcer la redevance pour pollution diffuse et d’étendre son champ d’application aux produits biocides. Si les objectifs de qualité ne sont pas atteints dans les prochaines années, des mesures plus strictes, incluant des restrictions d’usage, pourraient être imposées aux agriculteurs concernés, accompagnées d’indemnités compensatoires.
Les inspections soulignent que «la reconquête de la qualité de l’eau nécessite des actions ambitieuses et préventives», plaidant pour «un soutien renforcé à l’agriculture biologique et la conversion des pratiques agricoles sur les zones sensibles, comme le prévoit le plan stratégique de la PAC». Malgré les efforts passés, notamment la stratégie Ecophyto 2030, la France reste loin de son objectif de réduire de moitié l’usage des pesticides, un échec largement critiqué par les ONG environnementales.
N. O.