Dans le but de renforcer le système de sécurité alimentaire dans le pays et de stabiliser les circuits d’approvisionnement du marché local en produits de base, la Mauritanie a mis en place un nouveau dispositif de gestion des importations.
A travers cette démarche, une enveloppe financière de près de 45 millions de dollars a été mobilisée et confiée à trois banques commerciales, à savoir la BEA (Banque El Amana), la GBM (Générale banque de Mauritanie pour l’investissement et le commerce) et la BMI (Banque mauritanienne de l’investissement), destinée à «faciliter le financement des importations de biens essentiels».
Selon les médias locaux, se référant aux précisions fournies par l’organisme international de financement et de développement Proparco, qui participe à cette initiative, l’objectif recherché est de «renforcer la stabilité de l’approvisionnement en denrées vitales dans un contexte où les produits alimentaires représentent une part significative des importations du pays, atteignant 36%», durant l’année précédente.
Il sera question aussi de stabiliser et d’accélérer l’accès aux produits alimentaires et agricoles, dans un contexte où les fluctuations des marchés internationaux et les défis logistiques accentuant la nécessité pour le pays de disposer de mécanismes financiers solides pour sécuriser ses approvisionnements.
Ainsi, grâce à ces garanties, les trois banques partenaires seront en mesure d’améliorer leurs conditions de financement des opérations d’importation de cette catégorie de produits, ce qui facilitera l’approvisionnement du marché local d’une manière régulière.
Dans cette perspective, la GBM prévoit de renforcer ses capacités à financer l’importation de céréales et de denrées agricoles de base. Pour cela, elle compte proposer à ses clients des instruments de financement plus accessibles, tels que des lettres de crédit, des lettres de crédit stand-by ou encore des traites avalisées.
Près de 7 millions de quintaux/an
Pour la directrice générale de la GBM, Leïla Bouamatou, «cet appui structurant permettra d’offrir des solutions de financement plus souples et accessibles à nos clients importateurs, contribuant ainsi à assurer la continuité de l’approvisionnement du pays et à stabiliser les marchés locaux».
De son côté, la BEA voit en ce nouveau dispositif un moyen de «renforcer ses actions auprès des opérateurs économiques locaux, en leur offrant des conditions de financement plus avantageuses». C’est la même vision de la BMI, pour qui,
«cette opération facilitera l’élargissement de son réseau de correspondants bancaires à l’international, renforçant ainsi sa capacité à accompagner les importations».
Le déploiement de ce dispositif intervient dans un contexte où les dernières données fournies par les services de l’Etat confirment la forte concentration des importations mauritaniennes dans trois segments principaux, qui sont les produits alimentaires (36%), les produits pétroliers (30%) et les matériaux de construction (22%).
Dans la catégorie des produits agricoles et alimentaires, les céréales occupent une place prépondérante avec 43% des importations, suivies des sucres et sucreries, qui constituent 22,5% de ces importations.
Par ailleurs, selon de nouvelles données publiées cette semaine par le Département américain de l’agriculture (USDA), la Mauritanie s’est hissée parmi les plus grands importateurs de blé dans la région. En se référant aux statistiques compilées par la Direction générale des douanes mauritaniennes, le pays a, en effet, importé en moyenne près de 7 millions de quintaux de blé chaque année entre 2019 et 2023. Avec ces volumes, le blé devient le troisième produit alimentaire importé par la Mauritanie, après les huiles et les graisses alimentaires ainsi que le sucre.
Sur le marché local, l’industrie minotière, représentée notamment par des acteurs tels que les Grands Moulins de Mauritanie (GMM) et les Grands Moulins du Sahel (GMS), s’approvisionne principalement en blé depuis des pays comme l’Argentine, la France et l’Ukraine.
Ahmed Allaoua