Malgré les progrès qu’elle affirme avoir réalisés depuis le déploiement de sa stratégie de transition économique, Vision 2030, en matière de diversification de ses sources de revenu, l’Arabie saoudite ne cache pas ses appréhensions quant aux défis qu’imposent les mutations que connaît l’économie mondiale, avec notamment l’arrivée de l’intelligence artificielle, la transition énergétique ou encore les tensions géopolitiques en cours.
C’est ce que vient d’avouer le ministre saoudien de l’Economie et de la Planification, Faisal Al-Ibrahim, en début de semaine, en relevant que «les mégatendances de la transition énergétique, de l’intelligence artificielle et de la fragmentation géoéconomique remodèlent fondamentalement le paysage de l’investissement».
Face à cette nouvelle donne, le ministre estime que «nous pouvons et devons assumer notre responsabilité commune d’investir dans l’avenir et de saisir les opportunités qui découlent de ces changements de paradigme», car, estime-t-il, de «simples investissements ne suffisent pas à matérialiser la croissance future, mais une bonne canalisation des fonds permet d’obtenir de meilleurs résultats».
Cependant, ces recommandations à changer de cap en matière de croissance ont été émises au moment où le membre du gouvernement saoudien affirme que l’économie du royaume du Golfe a gagné en viabilité à la lumière de la nouvelle stratégie Vision 2030, dont il vient de souligner les grandes réalisations, notamment dans les secteurs hors hydrocarbures qui, selon lui, contribuent d’une manière remarquable au développement du pays.
«Depuis le lancement de la Vision 2030, notre économie hors pétrole a connu une croissance de 20%. Dans le même temps, nous avons assisté à une augmentation de 70% des investissements privés dans nos secteurs non pétroliers. Pour la première fois dans l’histoire, les activités non pétrolières représentent désormais 53% de notre produit intérieur brut réel», a-t-il affirmé à ce propos.
540 multinationales domiciliées à Riyad
La réussite de cette stratégie économique à long terme du royaume, a encore expliqué Faisal Al-Ibrahim, a été atteinte à la faveur du choix d’ouvrir le marché local à l’investissement étranger intégrant la technologie et l’innovation, ce qui a permis à Riyad d’«émerger comme une puissance d’investissement dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord».
Pour y parvenir, le ministre saoudien de l’Economie et de la Planification a rappelé que son gouvernement a opté pour la mise en œuvre de réformes profondes qui ont touché notamment les dispositifs réglementaires et la législation du royaume au point de transformer le marché saoudien en destination de choix pour les multinationales.
«Ce qui distingue l’Arabie saoudite, ce n’est pas seulement le fait qu’elle soit la plus grande économie du Moyen-Orient. Le monde s’y tourne pour trouver des solutions globales parce que nous sommes depuis longtemps un partenaire fiable et de confiance. Nous avons créé un environnement commercial qui intègre l’innovation apporte une plus grande clarté réglementaire et offre des solutions pratiques», a-t-il expliqué.
A la faveur de cette attractivité du marché local, le ministre a fait savoir que «les investisseurs déploient leurs capitaux en Arabie saoudite avec la certitude qu’ils obtiendront des résultats et des rendements», avant de relever à titre indicatif que «rien qu’au cours du premier semestre 2024, 184 entreprises mondiales ont transféré leur siège social dans le Royaume, et les licences d’investissement ont augmenté de près de 50%».
De son côté, le ministre saoudien de l’Investissement, Khalid al-Falih, a affirmé, jeudi dernier, dans une intervention qu’il a faite au 8e forum Future Investment Initiative 2024 (FII8) qu’au total «540 entreprises internationales ont établi leur siège régional à Riyad, ce qui signifie que l’objectif de 500 fixé pour 2030 a déjà été dépassé», tandis que le président de l’Autorité du marché des capitaux d’Arabie saoudite, Mohammed el-Kuwaiz, a fait savoir qu’à la faveur de la nouvelle politique d’incitation à l’investissement adoptée par le gouvernement, le royaume saoudien connaît «une croissance simultanée du marché public et du marché privé, qui comprend les sociétés de capital-risque».
Ahmed A.