Les produits artisanaux sont de plus en plus recherchés pour leur authenticité et leur durabilité. Ces labels pourraient bien devenir un atout majeur pour l’Algérie sur la scène internationale. Reste maintenant à accompagner les artisans dans cette transition pour que ces textes ne restent pas lettre morte, mais deviennent le fondement d’une nouvelle ère pour l’artisanat traditionnel algérien.
L’Algérie, riche de son patrimoine culturel et artisanal, a franchi une étape majeure dans la valorisation de ses produits traditionnels. Deux arrêtés, datés du 26 novembre 2024, viennent renforcer la protection et la promotion de l’artisanat local en instaurant des labels de qualité et d’authenticité. Ces textes, publiés dans le Journal officiel, définissent «les niveaux des labels», ainsi que «les modalités de leur délivrance». Ils s’inscrivent dans une volonté de «préserver l’authenticité des produits artisanaux», de «lutter contre la contrefaçon» et «d’offrir aux artisans une reconnaissance officielle de leur savoir-faire».
Le premier arrêté fixe deux niveaux de labels pour les produits de l’artisanat traditionnel. Le premier intitulé «Artisanat d’Algérie» garantit, selon l’arrêté, «l’origine algérienne du produit», sa «composition» et son «caractère traditionnel», comme il s’applique «aux produits fabriqués principalement à la main», avec des matières premières adaptées et un savoir-faire authentique.
Le second intitulé «Artisanat d’Algérie produit région» ajoute une dimension géographique, mettant en avant «les spécificités régionales». Ce dernier «valorise les matières premières locales», «les techniques de fabrication propres à une région» et «les motifs traditionnels qui y sont associés».
Selon le même arrêté, ces labels visent «à distinguer les produits artisanaux de qualité», tout en protégeant les consommateurs contre les imitations. Ils s’accompagnent de «cahiers des charges stricts», définissant des critères tels que «l’authenticité du design», «la qualité des matériaux» et «les méthodes de production».
Une procédure rigoureuse pour la délivrance des labels
Le second arrêté détaille les étapes à suivre pour obtenir ces précieux labels. La procédure, bien que rigoureuse, est conçue pour être accessible aux artisans, tout en garantissant la crédibilité des certifications.
Ainsi, stipule cet arrêté, «les artisans doivent soumettre leur demande auprès de la chambre de l’artisanat et des métiers de leur wilaya» et «le dossier comprend une demande officielle, une copie de la carte professionnelle de l’artisan, et un cahier des charges dûment rempli».
Suite à quoi, indique cet arrêté, «les inspecteurs de l’artisanat effectuent des visites sur place pour vérifier la conformité des produits aux critères établis». Une attention particulière est portée sur «l’origine des matières premières», «les techniques de fabrication» et «l’emballage des produits».
Les dossiers sont transmis à l’Agence nationale de l’artisanat traditionnel (ANART) qui statue sur l’attribution du label après examen par un comité technique. Et en cas de rejet, l’artisan peut déposer un recours dans un délai d’un mois. Selon cet arrêté, «une fois approuvés, les labels sont valables cinq ans et peuvent être renouvelés» et «les artisans bénéficiaires sont enregistrés dans un fichier national, assurant une traçabilité et une reconnaissance officielle».
Quid des enjeux de ces nouveaux dispositifs ?
Ces arrêtés répondent à plusieurs enjeux majeurs pour le secteur de l’artisanat en Algérie, à commencer par la protection du patrimoine culturel. Ainsi, en certifiant l’authenticité des produits, ces labels préservent «les savoir-faire traditionnels» et «les motifs culturels propres à chaque région», relève-t-on, comme «ils encouragent les artisans à perpétuer des techniques ancestrales, souvent menacées par la standardisation et la mondialisation».
En outre, et pour lutter contre la contrefaçon, «les labels offrent un moyen de distinguer les produits artisanaux authentiques des imitations, souvent importées ou fabriquées industriellement», indique cet arrêté qui vient renforcer, lit-on, «la confiance des consommateurs» et «valorisent le made in Algeria».
Quant au soutien aux artisans locaux, cet arrêté facilite «l’accès à une certification officielle» et aide les artisans à se démarquer sur le marché local et international.
Ces deux arrêtés ouvrent des perspectives commerciales, notamment dans le secteur du tourisme, où les visiteurs recherchent des produits typiques et de qualité.
Par ailleurs, cet arrêté a abordé la structuration du secteur, soulignant que «ces mesures s’inscrivent dans une politique plus large de modernisation et de professionnalisation de l’artisanat» et complètent d’autres initiatives, comme «la création de chambres de métiers» et «la mise en place de formations spécialisées».
Si ces arrêtés marquent une avancée significative, leur succès dépendra de leur mise en œuvre effective. Plusieurs défis restent à relever, dont la sensibilisation des artisans. Dans ce sens, beaucoup d’artisans, notamment dans les zones rurales, ignorent encore l’existence de ces labels. Partant cet arrêté prévoit des campagnes d’information et des ateliers de formation pour les accompagner dans leurs démarches.
Renforcement des contrôles et accès aux marchés
Pour garantir la crédibilité des labels, stipule cet arrêté, «les inspections devront être régulières et impartiales» et «les autorités devront également lutter contre les fraudes et les utilisations abusives des certifications».
Les labels doivent s’accompagner de mesures pour faciliter l’accès des artisans aux marchés nationaux et internationaux, notamment via des plateformes de vente en ligne ou des salons spécialisés, note-t-on.
Ainsi, ces arrêtés représentent une étape cruciale pour «la préservation» et «la promotion de l’artisanat algérien». En instaurant des labels de qualité et d’authenticité, l’Algérie renforce son engagement en faveur de son patrimoine culturel et de ses artisans. Ces dispositifs, s’ils sont correctement appliqués, pourraient redynamiser un secteur clé de l’économie locale, tout en offrant aux consommateurs des garanties de qualité et d’origine.
À l’heure où les produits artisanaux sont de plus en plus recherchés pour leur authenticité et leur durabilité, ces labels pourraient bien devenir un atout majeur pour l’Algérie sur la scène internationale. Reste maintenant à accompagner les artisans dans cette transition, pour que ces textes ne restent pas lettre morte, mais deviennent le fondement d’une nouvelle ère pour l’artisanat traditionnel algérien.
Yanis Aït-Lamara