Les incertitudes entourant la levée des sanctions imposées à la Russie, en raison de sa guerre en Ukraine, continuent de freiner le flux de pétrole brut vers la Chine et l’Inde, deux pays parmi les plus grands clients de Moscou, alors que les besoins de Pékin et de New Delhi sont en nette augmentation ces dernières années pour alimenter leurs industries respectives.
Les raffineries publiques chinoises ont réduit leurs approvisionnements en pétrole russe pour le mois de mars, dans un contexte de reprise du dialogue russo-américain autour d’une résolution définitive du conflit en Ukraine. Les incertitudes entourant l’issue de ces discussions autour d’une trêve en Ukraine et d’une levée des sanctions américaines contre Moscou ont plombé les perspectives d’un redémarrage des importations chinoises du brut russe, selon des sources proches du dossier, citées par des médias sous-couvert d’anonymat.
Le géant du raffinage public China Petroleum and Chemical Corporation, ou Sinopec, ainsi que Zhenhua Oil, ont carrément suspendu leurs achats de pétrole brut russe en mars, selon les mêmes sources.
Les dernières sanctions américaines du 10 janvier 2025 sont derrière ce
quasi-arrêt des importations chinoises de pétrole russe, contraint de trouver d’autres débouchés sur un marché international sous pression.
Cela dit, PetroChina et CNOOC continuent d’acheter du pétrole russe pour les chargements de mars, mais à des tarifs réduits, selon certaines sources citées par Reuters sous couvert d’anonymat. En effet, une partie du pétrole russe est commercialisée mais à un prix ne dépassant pas les 60 dollars le baril, à cause des sanctions occidentales contre le secteur énergétique russe.
Par contre, les raffineurs chinois privés prennent le relais. Ces derniers s’approvisionnent en pétrole chinois et iranien avec des prix plus bas que ceux du marché.
Les raffineurs indépendants chinois achètent surtout le brut ESPO Blend dont une grande partie est vendue par la Russie aux autres pays d’Asie du Sud, dans ce contexte de sanctions.
Pour rappel, l’Inde a réduit aussi ses importations de pétrole russe, après avoir surclassé la Chine en devant l’été dernier le premier importateur de brut russe, profitant également des bas prix.
Ainsi, en juillet, les importations des raffineurs indiens ont atteint un record de 2,07 millions de barils par jour (b/j), ce qui représente un taux de 44% des importations totales du pays, alors que la Chine a vu ses importations de pétrole russe chuter à 1,76 million de b/j durant la même période.
Durant le même mois de juillet 2024, les importations indiennes du brut ESPO Blend ont bondi à 188.000 b/j, les navires Suezmax, capables de transporter de plus grandes quantités de brut, ayant travaillé à plein régime, selon les médias spécialisés.
Mais au-delà des sanctions occidentales, la baisse des prix du pétrole sur le marché mondial a impacté le secteur du raffinage.
La marge des raffineurs chinois a été en effet réduite, ce qui a freiné progressivement les achats chinois de brut russe.
Lyès M.