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Le gazoduc transsaharien : Un projet stratégique aux enjeux multiples 

 

En reliant trois pays aux profils énergétiques complémentaires, le TSGP favoriserait la coopération entre États et renforcerait les échanges intra-africains. 

 Il s’étend sur des milliers de kilomètres et traverse plusieurs frontières. Il s’agit du projet de gazoduc transsaharien (TSGP) qui refait surface avec une ambition renouvelée. Conçu pour relier les vastes réserves de gaz du Nigeria aux marchés européens via le Niger et l’Algérie, ce mégaprojet énergétique important s’impose comme un enjeu majeur dans la reconfiguration des flux d’approvisionnement en hydrocarbures. Entre opportunités économiques, défis sécuritaires et intérêts géopolitiques, le TSGP cristallise de nombreuses attentes et interrogations.

 En effet, d’une longueur totale de 4.128 km, le gazoduc transsaharien est appelé à transporter jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Son tracé débute dans les riches gisements gaziers du Nigeria, traverse le Niger sur plus de 800 km avant de rejoindre l’Algérie, où il se connectera aux infrastructures existantes permettant d’acheminer le gaz vers l’Europe. 

L’Algérie, qui possède déjà un réseau dense de gazoducs et des capacités d’exportation solides, voit dans ce projet une opportunité stratégique de renforcer son rôle de fournisseur important et stratégique pour le marché européen.

Avec ses terminaux gaziers et ses connexions vers les deux pays d’Europe, à savoir l’Italie et l’Espagne, le pays pourrait devenir un point central dans la nouvelle cartographie énergétique du continent. Le projet de gazoduc transsaharien n’est pas nouveau. Conçu dès les années 1970 et relancé en 2009, il avait été mis en veille en raison de multiples obstacles, notamment sécuritaires et financiers.

Toutefois, la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui s’en est suivie ont rebattu les cartes. Par ailleurs, les trois pays concernés voient dans le TSGP un levier de développement. Pour le Nigeria, principal fournisseur du gazoduc, ce projet représente une opportunité de valoriser ses ressources et d’accroître ses recettes en devises. Le Niger, pays de transit, pourrait bénéficier d’importantes retombées économiques et d’infrastructures modernisées.

Quant à l’Algérie, elle y voit une chance d’affirmer davantage son statut de hub énergétique africain. Si l’ambition du projet est indéniable, sa concrétisation reste conditionnée à la résolution de plusieurs défis. Le premier concerne la sécurisation du tracé, notamment dans les zones sahéliennes où l’instabilité et la présence de groupes armés constituent une menace réelle. 

L’instabilité sécuritaire régnant au niveau des deux pays le Niger et le nord du Nigeria risquent de compliquer la mise en place d’infrastructures de cette envergure. Le second défi est d’ordre financier. Le coût estimé du projet dépasse les 13 milliards de dollars, nécessitant des financements conséquents de la part de partenaires économiques. Plusieurs acteurs, dont des entreprises européennes et asiatiques, suivent de près l’évolution du dossier, mais la rentabilité du projet dépendra en grande partie de la demande gazière future.

 Enfin, des enjeux environnementaux et de transition énergétique viennent également s’inviter dans le débat. Alors que le monde accélère sa transition vers les énergies renouvelables, certains observateurs s’interrogent sur la viabilité à long terme d’un tel projet, malgré une demande toujours forte en gaz naturel. Au-delà des aspects économiques et géopolitiques, le TSGP pourrait jouer un rôle structurant pour l’intégration régionale africaine.

En reliant trois pays aux profils énergétiques complémentaires, il favoriserait la coopération entre États et renforcerait les échanges intra-africains. Le gazoduc transsaharien pourrait également stimuler le développement industriel et énergétique des régions qu’il traverse, notamment en favorisant l’accès à l’énergie pour les populations locales.

À terme, il pourrait même s’inscrire dans une logique de développement du marché énergétique africain, en lien avec des initiatives comme l’industrialisation du continent et la valorisation des ressources naturelles locales. Les récentes discussions entre Alger, Niamey et Abuja montrent une volonté politique accrue de faire avancer le projet.

Plusieurs études techniques et financières ont été relancées, tandis que les partenaires internationaux scrutent l’évolution du dossier. Si le gazoduc transsaharien voit le jour, il pourrait redéfinir les flux énergétiques entre l’Afrique et l’Europe et renforcer le rôle de l’Algérie comme carrefour gazier incontournable. 
Arezki L.

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