Le Fonds monétaire international a appelé, dimanche, à Pékin (Chine), à des réformes de productivité, estimant que le commerce n’est plus le moteur de la croissance mondiale, lit-on sur le site de cette institution financière internationale.
«Sans mesures ambitieuses pour améliorer la productivité, la croissance mondiale restera bien en deçà de sa moyenne historique», a déclaré Nigel Clarke, directeur général adjoint du FMI, lors de son intervention au Forum sur le développement de la Chine qui a eu lieu en début de semaine à Pékin.
«La croissance mondiale est stable, mais décevante. Nos prévisions de croissance pour les cinq prochaines années restent à 3,1%, bien en deçà de la moyenne pré-pandémique de 3,7%», a-t-il rappelé, expliquant que «cela est dû en grande partie au ralentissement de la croissance de la productivité. La productivité totale des facteurs, qui mesure la capacité à créer davantage de produits avec les mêmes intrants, progresse à un rythme plus lent depuis la crise financière mondiale de 2008-2009».
Pour le responsable du FMI, «le commerce n’est plus le moteur de la croissance mondiale qu’il était autrefois», il est remplacé par l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) qui connaît un développement fulgurant et concentre d’importants capitaux et flux financiers en bourse. Cela n’est pas sans conséquence sur l’équilibre économique mondiale. «Les divergences entre les pays se creusent et les gouvernements du monde entier modifient leurs priorités politiques», a-t-il noté.
«L’IA, qui n’est plus une technologie émergente, commence à révolutionner les industries et à remodeler les économies», a-t-il insisté. Selon certaines estimations, l’IA pourrait stimuler la croissance du PIB mondial de 0,1 à 0,8% par an à moyen terme, selon son adoption.
C’est pourquoi il est aujourd’hui nécessaire de revoir les choses de fond en comble et surtout de poursuivre les réformes structurelles visant à accroître la productivité, a-suggéré Nigel Clarke. L’accroissement de la productivité passe inévitablement par le soutien à la recherche et à l’innovation pour garantir la croissance à long terme, notamment dans les marchés émergents qui bénéficient d’une bonne dynamique économique post-Covid, par rapport aux économies avancées.
Pour le responsable du FMI, qui encourage le recours à des partenariats plus étroits public-privé, «la croissance de la productivité dans les économies avancées peut augmenter de 0,2 point de pourcentage par an grâce à une politique hybride augmentant d’un tiers les dépenses publiques de recherche et doublant les subventions à la recherche privée».
Par ailleurs, Clarke met l’accent sur une meilleure allocation des ressources pour stimuler la productivité, citant l’exemple de l’Asie qui «a prospérer grâce au transfert de l’emploi et de la production de l’agriculture vers l’industrie manufacturière».
Cette région du monde, où la Chine et l’Inde constituent une véritable machine économique, «abrite certaines des entreprises les plus importantes et les plus innovantes au monde» et contribue à plus de 60% de la croissance mondiale.
«Les pays disposent de nombreuses solutions pour optimiser l’allocation des ressources, notamment en mettant en œuvre des politiques visant à accroître la mobilité des travailleurs, comme des programmes de reconversion. Et surtout, en renforçant les forces du marché, qui créent les incitations nécessaires, par le biais des prix et des salaires», a-t-il insisté lors de son intervention.
Sophia Rais