La situation désastreuse que traverse l’économie marocaine exacerbe de plus en plus les populations et la société civile dans le pays, ne cachant plus leurs inquiétudes face notamment à l’ampleur que prend la dette extérieure du royaume.
C’est le cas d’un influenceur qui, dans une vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux ces derniers jours, dénonce la mauvaise gestion des finances du royaume en s’attaquant à l’oligarque Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain, tout en l’accusant de dilapider les richesses du pays.
Selon lui, la dette extérieure du Maroc vient d’atteindre 108 milliards de dollars, ce qui représente un peu plus de 68% du PIB (produit intérieur brut) du pays, détenue principalement par la Banque mondiale, le FMI (Fonds monétaire international) et la BAD (Banque africaine de développement), qui sont les principaux créanciers du pays.
Peinant à sortir de l’asphyxie financière dans laquelle il a basculé avec les effets de la crise due à la pandémie de Covid-19, aggravée par les retombées de la guerre en Ukraine qui a provoqué le renchérissement des cours des produits énergétiques et des matières premières agricoles, dont le pays est fortement dépendant des importations, le royaume chérifien a multiplié ces cinq dernières années le recours à l’endettement extérieur.
Selon les données compilées par la Banque mondiale, la dette extérieure du Maroc a atteint 69,27 milliards de dollars à la fin de l’année 2023, avec un service de la dette à long terme de presque 5 milliards de dollars (4,99 exactement) par année, représentant 4% du revenu global net du pays, précisent les experts de la BM. Avec ce volume, le royaume est ainsi le quatrième pays le plus endetté sur le continent africain.
Une dette supplémentaire de 28 milliards USD en une année
A la même période, selon ces données, les principaux créanciers du Maroc sont la Banque mondiale qui détient 20% de ce stock, la BAD avec 10%, puis des pays comme la France et l’Allemagne qui en détiennent 5% chacun. Par catégorie, 64% de ce volume colossal représente la dette publique du royaume, dont 4% représentent des créances multilatérales, détenues essentiellement par des bailleurs de fonds internationaux. La dette privée s’élève, quant à elle, à 36%, dont 27% sont des emprunts obligataires et 9% sous forme de dettes auprès des banques commerciales et autres institutions financières.
Cependant, c’est le rythme de croissance de la dette extérieure du Maroc qui suscite davantage d’inquiétudes et aggrave les vulnérabilités auxquelles l’économie du pays est exposée, dans une conjoncture où ses principales sources de revenu continuent de s’amenuiser.
En effet, dans un rapport précédent de la Banque mondiale, à la fin 2022, la dette extérieure du Maroc a été d’un peu plus de 42 milliards de dollars, représentant 31,8% du PIB du pays, et une hausse de 11,3% par rapport à son niveau à la fin 2021.
Ainsi, par rapport à son niveau de près de 70 milliards de dollars à la fin 2023, la dette extérieure du royaume chérifien aura augmenté de près de 28 milliards de dollars, selon les statistiques de l’institution de Bretton Woods, laquelle augmentation qui n’a cessé de s’accentuer durant l’année précédente et n’est pas près de s’estomper en 2025 et durant les années à venir.
Dépourvu de sources de financement internes en mesure de répondre aux besoins exprimés dans les différents domaines, tant économiques que sociaux, le Maroc recourt à l’endettement pour mobiliser les fonds nécessaires pour assurer le fonctionnement des différents secteurs.
A titre indicatif, le pays a sollicité en 2023 un près de 1,3 milliard de dollars auprès du FMI «au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD)», un emprunt censé appuyer «la transition écologique de l’économie marocaine et aidera le pays à renforcer sa préparation et sa résilience face aux catastrophes naturelles, dont celles liées au changement climatique», explique le FMI.
Ahmed Allaoua