L’expansion du réseau mondial d’électricité n’arrive pas à suivre le rythme de la demande croissante des consommateurs, a révélé l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un nouveau rapport.
La raison de ce «rythme lent» est liée aux problèmes rencontrées dans les chaînes d’approvisionnement en équipements et composants nécessaires, notamment depuis le début de la pandémie Covid-19 qui a chamboulé l’économie mondiale dans son ensemble, impactant notamment les prix des matières premières.
«L’expansion du réseau mondial peine à suivre le rythme de la demande croissante d’électricité, car les délais d’approvisionnement et les coûts des pièces essentielles ont presque doublé depuis 2021», affirme le rapport de l’AIE, intitulé : «Building the Future Transmission Grid : Strategies to Navigate Supply Chain Challenges (Construire le futur réseau de transport : stratégies pour relever les défis de la chaîne d’approvisionnement)».
Alors que la consommation mondiale de l’électricité va augmenter de 4% par jusqu’en 2027, les efforts consentis jusque-là sont loin de répondre aux besoins actuels et avenir.
Le rapport note que si l’investissement mondial dans le transport d’électricité a augmenté de 10 % en 2023 pour atteindre 140 milliards de dollars, ce chiffre devrait dépasser 200 milliards de dollars par an d’ici au milieu des années 2030 pour répondre à la demande croissante d’électricité.
«Environ 1,5 million de kilomètres de nouvelles lignes de transport ont été construites dans le monde au cours de la dernière décennie, mais l’insuffisance des réseaux de transport reste un obstacle majeur au développement du système électrique, à l’électrification et à la sécurité énergétique», lit-on dans le rapport de l’AIE, soulevant, entre autres, problèmes, celui de l’infrastructure du réseau qui a du mal à suivre le rythme auquel de nouvelles sources renouvelables sont entrée en 2024 dans le système avec plus de 1650 gigawatts qui n’a pas accès au réseau existant.
«Au niveau des ménages, les raccordements au réseau ont repris ces dernières années, mais 750 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité dans le monde – dont 80 % en Afrique subsaharienne», précisent les auteurs du rapport.
Selon l’enquête de l’AIE, dont le siège est à Paris, l’approvisionnement prend désormais deux à trois ans pour les câbles et jusqu’à quatre ans pour les gros transformateurs de puissance, soit deux fois plus qu’en 2021.
Ces délais sont encore plus importants pour la livraison des composants spécialisés, alors que ceux concernant les câbles à courant continu (qui sont souvent utilisés pour la transmission longue distance) s’étendant au-delà de cinq ans, affirme la même source. Aussi, l’augmentation des prix des composants pose un autre problème. «En termes réels, les coûts des câbles ont presque doublé depuis 2019, tandis que les prix des transformateurs de puissance ont augmenté d’environ 75%», détaille le rapport de l’AIE, qui met également l’accent sur la concurrence entre les projets d’expansion du réseau ayant entraîné une pression sur les producteurs d’équipements électriques.
«Le développement accru des projets éoliens offshore a encore accru la demande de câbles sous-marins haute tension spécialisés, exerçant une pression supplémentaire sur des chaînes d’approvisionnement déjà tendues», notent encore les enquêteurs de l’AIE, ajoutant que «les fabricants réagissent en planifiant et en investissant pour augmenter leur capacité de production, mais ces expansions prendront du temps à mettre en œuvre et l’incertitude demeure quant aux niveaux de demande futurs et à la disponibilité de travailleurs qualifiés».
Actuellement, environ 8 millions de personnes dans le monde sont actuellement employées dans la construction, l’entretien et l’exploitation des réseaux, et que cette main-d’œuvre devra augmenter d’au moins 1,5 million d’ici à 2030 pour répondre à la demande prévue.
Lyès M.