Moins d’un mois après sa conclusion entre le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche et l’Abef (Association des banques et établissements financiers), la convention-cadre portant sur la généralisation du financement des projets d’investissement réalisés dans le secteur agricole à toutes les banques publiques opérant sur le marché national est entrés en vigueur, suscitant l’intérêt des acteurs du secteur.
Tel que publié par les Directions des services agricoles de plusieurs wilayas (DSA), un nouvel avis du ministère de tutelle a été émis au profit des opérateurs du secteur. «Dans le but d’assurer la réalisation des projets agricoles et d’alléger les procédures de leur mise en œuvre, le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche a lancé un nouveau mécanisme financier entrant dans le cadre de l’exécution des dispositions de la convention-cadre conclue entre le secteur et l’Association des banques et des établissements financiers», est-il stipulé.
A cet égard, le département de Youcef Cherfa fait état de «la généralisation du financement des projets agricoles à toutes les banques publiques du secteur des finances, comprenant la Badr (Banque de l’agriculture et du développement rural), la BNA (Banque nationale d’Algérie), le CPA (Crédit populaire d’Algérie), la BDL (Banque du développement local), la Cnep-Banque (Caisse nationale d’épargne et de prévoyance) et la BEA (Banque extérieure d’Algérie)».
L’autre nouvelle mesure qui vient d’être mise en œuvre dans le cadre de l’application de la convention conclue avec l’Abef est «la prise en charge intégrale par le ministère de l’Agriculture de tous les intérêts découlant des crédits octroyés» par ces banques aux agriculteurs.
Des crédits allant jusqu’à 200 millions de dinars
Au volet relatif aux domaines d’investissement concernés par ce nouveau dispositif de crédit agricole subventionné, le ministère cite pas moins de six créneaux, qui sont la «création et l’équipement d’exploitations agricoles et d’élevage, la modernisation de ces exploitations, l’intensification, la transformation et la valorisation des produits agricoles et ceux issus des productions animales, nécessitant la mobilisation de fonds supplémentaires, le stockage et la conservation des produits agricoles, y compris ceux relevant de la catégorie des produits de large consommation, le conditionnement et l’exportation de produits agricoles, ainsi que tout autre type d’activité en relation avec le domaine agricole ou les industries agroalimentaires».
Ainsi, pour la couverture de ce type de charges, le ministère de l’Agriculture précise dans le même communiqué que ce nouveau crédit est plafonné à 100 millions de dinars pour les prêts d’investissement individuel et à 200 millions de dinars pour les prêts d’investissement fédératifs, comprenant un groupe d’agriculteurs.
Pour rappel, la mise en œuvre de ces nouvelles mesures intervient dans la cadre de la mise en application de la série d’accords signés le 13 février dernier entre le ministère de tutelle et les six banques publiques associées désormais à la nouvelle politique de financement et d’accompagnement des projets d’investissement dans le secteur agricole, conformément à la convention conclue à la fin de l’année dernière entre le ministère de l’Agriculture et celui des Finances.
«Ces accords s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la convention cadre-cadre signée le 4 décembre 2024 entre le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche et l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), visant à étendre le financement des projets du secteur agricole à l’ensemble des banques opérant dans le paysage financier», est-il noté dans le communiqué.
Cependant, il convient de rappeler aussi que ce nouveau dispositif intervient dans le cadre de la mise en œuvre des dernières instructions que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a données au gouvernement au mois de novembre dernier lors de l’allocution qu’il a prononcée à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de la création d’UNPA (Union nationale des paysans algériens).
A cette occasion, le chef de l’Etat a, en effet, ordonné de procéder à l’ouverture des banques publiques aux agriculteurs à la recherche de financements pour la réalisation de leurs projets d’investissement et la modernisation de leurs exploitations.
Un dispositif spécifique pour les cultures stratégiques
Ayant estimé que «le manque ou de l’interruption des financements à certains moments est un signe de sous-développement», le président de la République a, à cette occasion, ordonné aux banques publiques d’«ouvrir leurs guichets pour octroyer des crédits à tout agriculteur désirant investir dans les chambres froides et le stockage des produits agricoles afin de garantir la stabilité du marché et lutter contre la spéculation et la pénurie».
C’est donc pour élargir l’accès au crédit à l’ensemble des opérateurs du secteur que «cette instruction stipule que toutes les institutions financières publiques doivent financer le secteur agricole sans exception», ont souligné le ministère de l’Agriculture et l’ABEF lors de la signature de la convention-cadre qui les lie.
En plus d’accompagner les exploitations agricoles de petite et moyenne taille, le nouveau dispositif d’accès au crédit bancaire, tel qu’a été prévu par le chef de l’Etat dans sa stratégie pour le secteur, vise aussi à impliquer les banques publiques dans «la mise en œuvre du plan national de développement des cultures stratégiques et à l’atteinte des objectifs fixés par l’Etat en matière de renforcement de la sécurité alimentaire», a ajouté la même source.
Pour cette catégorie d’investissement, où les projets sont généralement de grande taille, le département de Youcef Cherfa et l’ABEF ont convenu de charger chaque banque publique de suivre une des régions où se concentre le programme national de développement des cultures stratégiques, à l’instar des wilayas d’Adrar, Ouargla, Timimoune, El Meniaâ, El Oued, ou Touggourt, en répondant aux demandes des investisseurs en financements nécessaires pour la concrétisation de leurs projets respectifs.
Pour cette catégorie de projets d’investissement dans l’agriculture intensive, les crédits octroyés par les banques publiques peuvent aller jusqu’à 400 millions de dinars ou plus, en fonction des besoins, tel que cela a été précisé par le secrétaire général de l’Unpa, Abdellatif Dilmi.
M. Naïli