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Egypte : Une économie faite de «crises» et de «dévaluations» (étude)

 

 

Pression démographique, forte hausse du taux de chômage, déficit récurrent de la balance des paiements, ou encore endettement extérieur asphyxiant. Une nouvelle étude vient de présenter un état des lieux loin d’être réjouissant des défis auxquels est confrontée l’économie égyptienne qui peine à retrouver le chemin de l’équilibre.

Menée par le professeur émérite de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris, Henri-Louis Védie, cette nouvelle étude, publiée au début de ce mois de février sous le titre de «Forces et faiblesses d’une économie égyptienne en crise depuis 1956», retrace dans le détail les obstacles que le pays nord-africain affronte en permanence, non seulement dans la conjoncture actuelle, mais depuis sept décennies.

En dépit des potentialités dont le pays dispose, que ce soit en matière de ressources naturelles, une position géographique stratégique ou des secteurs comme les industries manufacturières, le tourisme ou l’agriculture qui ont amélioré leurs performances, il n’en demeure pas moins que l’Egypte a toujours été confrontée à une fragilité structurelle de son économie.

«Depuis 1956, l’économie égyptienne est en crise», constate donc l’auteur de cette nouvelle étude qui révèle que durant ces presque 70 ans, «elle a connu douze dévaluations et huit crises majeures de sa balance des paiements».

Au volet relatif à la solidité budgétaire des finances de l’Etat, l’étude révèle que «l’Egypte connaît une dégradation régulière de sa balance des paiements, avec un solde courant structurellement déficitaire, témoignant de la gravité de la crise que connaît le pays».

Cependant, après avoir été de 395 milliards de dollars en 2023, le PIB (produit intérieur brut) égyptien aurait reculé de 47 milliards de dollars l’année d’après, en revenant à 348 milliards de dollars seulement au titre de l’exercice 2024, selon des prévisions, et ce, souligne la même étude, malgré une économie du pays «structurée et diversifiée comme le rappelle l’existence de différents secteurs d’activité et leur contribution au PIB, immobilier et construction (17%), manufacturier (16%), commerce (14%), agriculture et pêche (11%), extractif (10%)».

Une dévaluation de 40% de la monnaie locale en 2023-2024

Outre les indicateurs liés directement au secteur économique, c’est le facteur démographique qui pèse lourdement sur l’économie égyptienne, tel qu’il ressort de cette étude qui souligne qu’«avec plus de 105 millions d’habitants, l’Egypte est, aujourd’hui, le pays arabe le plus peuplé, mais aussi le troisième en Afrique, derrière le Nigeria et l’Ethiopie».

Cependant, cette démographie est soumise à un double défi, dont l’un est «majeur pour l’économie du pays», car cette population «devrait atteindre, voire dépasser, les 150 millions d’habitants en 2050», comme il y a aussi le défi «du quotidien de 95% de cette population qui se concentre sur 7% d’un territoire de un million km2, principalement le long de la vallée du Nil», mais aussi le défi «d’une population qui se regroupe dans les grandes métropoles du Caire, de Gizeh et d’Alexandrie», où «le chômage des jeunes atteint 20%, très supérieur à celui de la moyenne nationale, estimé à 7%», précise encore cette nouvelle étude.

 Face à ces obstacles difficiles à surmonter, l’auteur de l’étude note que l’économie égyptienne «est donc faite de faiblesses qui ont conduit à la situation que nous connaissons», mais aussi de «forces qui ont permis d’éviter le pire, à savoir le défaut de paiement».

Dans la rétrospective des crises majeures qu’a traversé l’économie égyptienne durant cette période de 70 ans, la plus récente est celle de la période 2023-2024 qui a entraîné une dévaluation de la monnaie locale de l’ordre de 40%, alors que la précédente est survenue en 2016, avec une dévaluation de 45%.

«L’analyse des huit crises de la balance des paiements égyptienne et de sa balance courante sur la période 1956-2024 rappelle qu’elles ont toujours conduit à une ou plusieurs dévaluations», est-il souligné dans l’étude, tout en rappelant que «le pays est le premier importateur mondial de blé, que sa production industrielle et manufacturière dépend à 40% d’intrants importés, ce qui a pour conséquence d’augmenter d’autant les importations si on augmente l’activité manufacturière».

Ahmed Allaoua

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