De nombreuses voix s’élèvent de plus en plus en France pour condamner leur pays vis-à-vis de l’Algérie et qui appellent à l’apaisement, dans un contexte de discours hostiles des autorités françaises envers notre pays, ponctués par une campagne de désinformation jamais vue.
Parmi ces voix, on retrouve l’ancien député européen Karim Zéribi, qui a exprimé son désarroi face à ce qu’il qualifie de «climat politico-médiatique anti-algérien» croissant en France. Il estime cette situation «insupportable et irresponsable», soulignant que la majorité des Algériens vivant en France, qu’ils soient résidents réguliers ou binationaux, «travaillent, respectent les lois de la République et contribuent activement à la société». Pour Zéribi, il est injuste de réduire la communauté algérienne à des cas isolés, précisant que seulement «quatre individus sont impliqués dans ces expulsions, ce qui représente 0,0001 % de la population algérienne en France», tout en dénonçant «une tendance à essentialiser les Algériens» et «à alimenter une division injustifiée».
Pour sa part, l’éditorialiste et directrice du magazine français «Regard» Catherine Tricot rejoint cette critique du gouvernement français. Invitée sur France Info, elle estime que «la tension actuelle a été exacerbée par la décision du préfet de Montpellier d’expulser un ressortissant algérien sans même le juger», insistant sur le fait que «cette provocation n’émane pas de l’Algérie», tout en mettant en lumière les responsabilités du gouvernement français dans l’escalade des tensions.
Mme Tricot rappelle également que les relations entre la France et l’Algérie sont d’une importance cruciale, soulignant que «près d’un quart des Français ont des liens avec l’Algérie, des liens d’histoire, d’amour et de culture». Elle critique vivement l’attitude actuelle de la France, affirmant que celle-ci «recule de plus en plus face à des pays comme l’Algérie, tout en étant à la traîne par rapport à d’autres puissances comme les États-Unis, l’Italie ou la Chine sur le plan des relations commerciales».
Partant de ce constat, Mme Tricot appelle la France à «reconsidérer ses relations avec le reste du monde, en adoptant une approche plus respectueuse et moins arrogante». Pour elle, «la France ne peut plus continuer à se comporter comme si elle était dans une position de force à l’échelle mondiale», estimant que «la dégradation des relations avec l’Algérie et de nombreux pays africains est désastreuse pour l’avenir du pays».
Pis encore, la crise actuelle entre la France et l’Algérie est perçue comme «différente des précédentes» en raison de son accélération rapide, comme l’a souligné le directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), Hasni Abidi, sur France Info. Selon lui, cette escalade représente un défi de taille pour la diplomatie des deux pays, car elle survient dans un contexte international tendu.
Il souligne que «l’apaisement est inévitable» et «nécessaire» pour éviter une détérioration des relations, notamment dans le domaine économique et commercial où les deux nations ont encore beaucoup à partager. Abidi a également critiqué les déclarations du ministre français Jean-Noël Barrot, qui évoque des sanctions contre l’Algérie sans avoir obtenu l’accord préalable du président de la République, ce qui traduit un manque de cohérence au sein du gouvernement français.
Yanis Aït-Lamara