Une gracieuse résidence de style néo-mauresque datant vraisemblablement du début du 19e siècle. Elle se trouve à la rue des Moussabiline (ex-Desfontaines) reliant le boulevard Mohamed V et l’ex-rue Daguerre.
Elle a été attribuée en 1966 par le défunt président Houari Boumédiène à Mohamed Saïd, arrière-petit-fils de l’émir Abdelkader. Mohamed Saïd, décédé en 1970, faisait partie des membres de sa famille qui accompagnaient les restes de l’émir rapatriés de Syrie pour être enterrés au cimetière d’El-Alia, dans la périphérie est d’Alger. Le descendant de l’émir avait décidé de rester au pays natal de son arrière-grand-père. La villa, couronnée d’une coupole coiffant une terrasse, s’élève sur trois étages et compte 13 pièces. Elle comprend également un jardin en pente agrémenté de plateformes ombragées. Celui-ci abrite différentes essences végétales, dont des palmiers et des citronniers.
Durant la guerre d’indépendance, la résidence était occupée par le général Henri Lorillot, commandant de la 10e région militaire, puis par le général Raoul Salan, un partisan de l’Algérie française, qui lui succéda à la tête de la même région militaire. Le parcours militaire de Lorillot était marqué par l’échec de l’opération l’oiseau bleu (initialement appelée opération K), visant à créer un maquis anti-Front de libération nationale (FLN) dans la région d’Azazga, en Kabylie. Les hommes recrutés, qu’ils croyaient acquis à l’initiative des officiers de l’armée française, à qui on avait remis près 300 armes de guerre et 89 millions de francs, étaient en réalité des éléments actifs, des moudjahidine de ce même FLN.
Dans une correspondance adressée au gouvernement général au sujet de cette affaire, Krim Belkacem écrivait, avec une pointe d’ironie : «Monsieur le ministre. Vous avez cru introduire, la force K, un cheval de Troie au sein de la résistance algérienne. Vous vous êtes trompé. Ceux que vous avez pris pour des traîtres à la patrie algérienne étaient de purs patriotes qui n’ont jamais cessé de lutter pour l’indépendance de leur pays et contre le colonialisme. Nous vous remercions de nous avoir procuré des armes qui serviront à libérer notre pays.» (Cf : Wikipedia, citant Guerre d’Algérie, tome, I : Les fils de la Toussaint, Yves Courrière, Fayard, 1970).
L’armée française avait réagi violemment, en déclenchant une vaste opération de ratissage et de répression dans la région d’Ath Djennad, près d’Azazga. Elle avait mobilisé 10.000 soldats dans le vain espoir de récupérer les armes. Les accrochages avaient fait des victimes d’un côté comme de l’autre. Les militaires français engagés dans l’opération avaient réussi à reprendre quelques armes, mais le gros de l’important lot de fusils et de munitions était resté entre les mains des combattants du FLN.
Mohamed Arezki Himeur