Dans cet entretien, l’universitaire a mis l’accent sur l’existence de facteurs d’attractivité en Algérie comme le nouveau cadre juridique pour l’investissement, l’accès à l’énergie à faible coût et le positionnement géographique susceptible de faciliter l’exportation…
D’aucuns soutiennent que l’émergence d’une véritable industrie automobile en Algérie exige le développement d’un tissu industriel dédié à la fabrication de pièces de rechange. Un tel outil stratégique existe-t-il réellement dans notre pays ?
Sur le plan stratégique, l’Algérie opte pour une densification et une diversification de son tissu industriel afin d’améliorer la contribution de l’industrie dans le PIB à hauteur d’au moins 12% d’ici à 2030, et d’intégrer les nouvelles technologies pour mettre à jour les process industriels.
Le développement d’une industrie automobile étant devenu une préoccupation nationale, la mise en place d’un réseau de sous-traitants revêt, à ce titre, une grande importance du fait que c’est un maillon indispensable pour la production automobile.
Les raisons résident tout d’abord dans la recherche de la minimisation des coûts à travers l’externalisation de la fabrication d’un grand nombre de composants par les constructeurs.
En second lieu, il existe des technologies spécifiques qui nécessitent une sous-traitance de spécialité. Enfin, la recherche de la flexibilité facilite l’adaptation par rapport aux exigences du marché.
Dans le cas de l’Algérie, il est clair que la sous-traitance industrielle, spécifiquement celle qui correspond aux différents segments de l’automobile, est embryonnaire.
La création d’un réseau de sous-traitance favorise, en effet, l’intégration industrielle locale et stimule l’émergence d’une industrie automobile recherchée et souhaitée par les pouvoirs publics.
L’Algérie attire de plus en plus les regards des grandes marques automobiles internationales. Treize entreprises de renommée mondiale sont actuellement en pourparlers avec le ministère de l’Industrie pour lancer des projets de fabrication de véhicules localement. Notre pays réunit-il toutes les conditions requises pour réaliser de tels projets ?
Il y lieu de faire ressortir, en premier lieu, l’intérêt de la dimension du marché algérien de l’automobile, et ce, pour un pays de 46 millions d’habitants.
Ensuite, c’est l’importance d’une demande nationale de véhicules de tous genres. C’est ce qui incite les constructeurs internationaux à vouloir s’implanter en Algérie.
Des facteurs d’attractivité existent comme le nouveau cadre juridique pour l’investissement, même si des exigences en termes de taux d’intégration sont présentes, l’accès à l’énergie à faible coût, et le positionnement géographique susceptible de faciliter l’exportation.
Le handicap réside surtout dans la faiblesse de l’infrastructure industrielle, particulièrement en matière de sous-traitance, et d’une main-d’œuvre qui est certes jeune, mais manquant d’expertise dans le domaine de l’automobile.
Quel serait l’apport, pour l’industrie automobile en Algérie, des partenariats signés par des groupes publics avec des marques de renommée mondiale dans le secteur de la fabrication de pièces de rechange ?
L’industrie automobile est perçue aujourd’hui en Algérie comme un important levier pour la croissance économique, d’une part, et d’intégration industrielle, d’autre part.
Les différents partenariats signés entre opérateurs économiques nationaux et firmes étrangères s’inscrivent justement dans le cadre de l’acquisition de savoir-faire et de technologies modernes spécifiques à l’industrie automobile.
Plus il y a d’entreprises sous-traitantes dans les divers composants (mécaniques, plastiques, etc.) et autres fournitures, et mieux c’est, pour pouvoir asseoir une véritable industrie qui a ses exigences en termes de productivité, de compétitivité et de rentabilité.
L’apprentissage organisationnel et technologique est dans ce cas primordial.
La création des emplois est également une préoccupation, sachant le potentiel que recèle ce type d’activité industrielle sur la mise en œuvre de nombreux postes de travail directs et indirects.
Quelles sont, selon vous, les conditions nécessaires pour asseoir une industrie mécanique compétitive et durable, capable de répondre aux besoins du marché national, tout en ouvrant les perspectives d’exportation ?
L’industrie automobile est en soi une méta-technologie qui intègre et combine plusieurs filières industrielles (fonderie, usinage, plastique, électronique, chimie, etc.) dont il est essentiel d’en maîtriser au moins une partie.
Il y a, par ailleurs, énormément d’innovations technologiques qui s’insèrent dans le process d’ensemble de l’automobile et suscite l’intérêt de développer cette activité.
Evidemment, le besoin en économies d’échelle pour mieux maîtriser les coûts, les économies externes, une main-d’œuvre qualifiée, et un faible coût d’accès à l’énergie, sont autant de facteurs qui donneront la compétitivité et la flexibilité indispensables pour espérer à l’exportation, particulièrement sur les marchés africains grâce aux opportunités offertes par la Zlecaf.
La stratégie arrêtée par le ministère de l’Industrie prévoit la mise en place d’un réseau national de la pièce détachée pour véhicules et automobiles qui est déjà lancé le 22 février dernier. La tutelle a procédé également à l’installation d’une commission d’orientation, chargée de l’élaboration de la stratégie générale de cette activité et une autre pour les études et de l’ingénierie qui s’occupe des aspects techniques, notamment des normes de qualité et des standards techniques. Quel est votre avis par rapport à cette démarche ?
La sous-traitance est la cheville ouvrière de l’industrie automobile, et à ce titre, il est indispensable de réunir toutes les conditions pour permettre le plus possible d’entreprises d’entrer dans cette activité, en leur offrant des incitations et surtout le cadre juridique stable.
La question des normes techniques et de qualité sont, à ce titre, une barrière à l’entrée dont il faudra disposer d’un accompagnement de la part des pouvoirs publics.
D’autres aspects liés par exemple à l’installation d’équipementiers reconnus internationalement, qui sera la bienvenue pour cristalliser le savoir-faire et l’expérience industrielle dans l’activité de production consacrée aux véhicules légers et lourds afin de satisfaire les besoins nationaux et, si possible, aller vers l’export.
Entretien réalisé par : K. B.