La résistance aux agents antimicrobiens (RAM) est l’une des menaces les plus pressantes pour la santé, a averti le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant qu’aucun pays n’est à l’abri de cette menace.
«La résistance aux antimicrobiens est aujourd’hui l’une des menaces les plus pressantes pour la santé et le développement, qui pourrait réduire à néant des décennies de progrès médicaux», a-t-il indiqué, jeudi dernier, lors de la deuxième réunion de haut niveau sur la RAM, tenue à New York, à l’occasion de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) qui se déroule du 24 au 30 septembre.
«Ce n’est pas un risque hypothétique pour l’avenir. C’est ici et maintenant», et «aucun pays n’est à l’abri de cette menace», a-t-il poursuivi, rappelant que l’inventeur de la pénicilline avait mis en garde le monde contre les dangers de la RAM dans son discours d’acceptation du prix Nobel en 1945.
Les dirigeants mondiaux se sont retrouvés lors de cette réunion de haut niveau au siège de l’ONU pour discuter des meilleures voies à suivre pour développer une réponse coordonnée à ce «tueur invisible» qui constitue l’une des menaces les plus graves pour la santé publique.
La plupart des pays ont fait des progrès depuis la première grande réunion sur la question en 2016, mais «davantage de travail et d’argent», sont nécessaires de toute urgence pour garder une longueur d’avance sur la menace croissante, a ajouté le chef de l’OMS. Tedros a, en outre, estimé que la déclaration politique adoptée à l’issue de la réunion était une bonne première étape dans la perspective d’un plan d’action mondial qui devrait entrer en vigueur d’ici à 2026.
De son côté, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale, Emmanuelle Soubeyran, a souligné que la RAM «n’est pas un problème mineur», notant qu’un rapport publié récemment a montré que les agents pathogènes résistants aux médicaments pourraient mettre en péril la sécurité alimentaire de plus de deux milliards de personnes dans le monde.
Pour sa part, le président de l’AGNU, Philémon Yang, a déclaré à l’ouverture de la réunion que la déclaration politique est axée notamment sur le financement, la gouvernance et une réponse coordonnée, dans le but de forger une action collective, notant que la RAM «n’est pas seulement une crise sanitaire mondiale, mais aussi un problème de développement crucial», et appelant le monde «à agir de toute urgence» pour contenir la menace.
Dans le même contexte, la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a rappelé que la RAM représentait un «danger complexe et existentiel» et figurait parmi les 10 principales menaces pour la santé et le développement dans le monde, responsable de 1,3 million de décès par an. La RAM survient lorsque des bactéries, des virus, des champignons et des parasites changent au fil du temps et ne répondent plus aux médicaments.
Saihi met en exergue l’intérêt majeur que l’Algérie accorde au RAM
Le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a mis en avant, en marge de sa participation à la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, «l’intérêt majeur» que l’Algérie accorde au phénomène de résistance aux antimicrobiens, soulignant la «nécessité impérieuse» d’en trouver des solutions durables, a indiqué, vendredi dernier, un communiqué du ministère.
Dans une allocution prononcée, jeudi dernier, lors de la séance publique de la réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens, Saihi a affirmé que la lutte contre ce phénomène «reste un défi sanitaire et de développement majeur, étant classé parmi les 10 principales menaces sanitaires mondiales auxquels l’humanité est confrontée».
«L’Algérie accorde un intérêt majeur au phénomène de résistance aux antimicrobiens», en témoigne les nombreuses mesures prises en ce sens, telles que la création de la Commission nationale pluridisciplinaire et la mise en œuvre du Plan national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, a déclaré le ministre.
Et d’ajouter que l’Algérie suit ce phénomène au niveau international avec «un intérêt extrême», précisant que «notre pays joue un rôle clé à travers l’Institut Pasteur d’Algérie, dans le Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens», en sus de ses efforts soutenus dans le cadre du Réseau algérien de surveillance de la résistance aux antibiotiques, où «l’Institut Pasteur constitue un pôle central dans ces efforts en tant que laboratoire de référence».
«Il est clair que trouver des solutions durables à cette crise mondiale n’est plus un simple choix mais une nécessité impérieuse pour protéger la santé des nouvelles générations et assurer le bien-être de l’humanité», a soutenu le ministre, ajoutant que «faire face à ces défis requiert un engagement collectif et une action commune afin de garantir un avenir plus sûr et durable pour tous».
R. S./APS