L’Algérie et l’Union européenne (UE) ont réitéré leur engagement à poursuivre et à renforcer le partenariat dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables.
C’est du moins ce qui ressort de la réunion tenue mardi dernier entre le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Energie, chargé des Energies renouvelables, M. Noureddine Yassaa et le directeur général pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) et les pays du Golfe à la Commission européenne, Stefano Sannino.
La rencontre a permis d’évaluer les progrès réalisés en matière de coopération bilatérale, notamment dans les domaines du développement de projets d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert, outre le soutien à la transition énergétique, la promotion de l’efficacité énergétique, ainsi que la réduction des émissions, tout en soulignant l’importance d’adopter des technologies propres, modernes et durables dans ce secteur, indique un communiqué du ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables.
Les deux parties ont procédé à un échange de vues sur des projets ambitieux en cours de développement, tels que l’interconnexion électrique «Medlink» qui vise à renforcer la connexion énergétique entre l’Algérie et l’Europe,
«Medlink» est l’un des projets majeurs figurant parmi les priorités de l’UE dont l’objectif est d’établir une ligne électrique sous-marine à haute tension de 2000 mégawatts reliant directement les réseaux électriques entre l’Algérie et l’Italie via la Tunisie.
Il s’agit d’une nouvelle étape vers le renforcement de la position de l’Algérie en tant que fournisseur fiable d’énergie, notamment verte, grâce à l’excédent de production nationale généré par les investissements importants que le secteur a réalisés ces dernières années.
Le projet d’interconnexion comprend deux câbles sous-marins à haute tension, ce qui devrait permettre de transporter environ 28 térawattheures (TWh) d’électricité par an, soit 8 % de la consommation énergétique annuelle de l’Italie. «Medlink» a été proposé comme projet d’intérêt mutuel à la commission européenne.
«Medlink» un projet d’intérêt mutuel
La société italienne Zhéro, en charge de la supervision du projet, a récemment annoncé que la mise en service de cette interconnexion énergétique est prévue pour fin 2027.
Ce projet de grande envergure, représente un tournant majeur dans le secteur de l’énergie, tant pour l’Algérie que pour l’Europe.
Ce projet constitue une véritable opportunité pour l’Algérie de diversifier ses exportations et de jouer un rôle central dans le marché européen de l’énergie verte.
Pour la Sonelgaz, l’achèvement de ce projet pourrait non seulement augmenter les exportations d’énergie vers l’Europe, mais également renforcer l’infrastructure de production et de distribution énergétique en Afrique du Nord.
L’un des aspects les plus innovants du projet Medlink Algérie-Italie réside dans l’utilisation de technologies avancées pour réduire les pertes d’énergie pendant le transport. Grâce à ces innovations, le projet sera non seulement plus efficient mais également plus compétitif.
Cette approche pourrait transformer la manière dont l’énergie est transportée à longue distance, en améliorant l’efficacité des interconnexions sous-marines et en réduisant les coûts associés.
La capacité de limiter les pertes d’énergie représente un avantage considérable pour les pays partenaires et renforcera la viabilité du projet sur le long terme. Le recours à des technologies de pointe permettra à l’électricité transportée entre l’Algérie et l’Italie de conserver une qualité optimale sur toute la longueur du trajet.
Il y a lieu de citer, aussi, l’engagement de l’Algérie à développer l’hydrogène vert à travers le projet Corridor SudH2. Ce projet consiste en l’exportation de l’hydrogène vert via l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, vers le marché européen. Ce qui garantira la sécurité énergétique et contribuera à la concrétisation de la transition verte dans l’espace euro-méditerranéen.
Corridor SudH2 : pour une transition verte dans l’espace euro-méditerranéen
Une déclaration d’intention a été signée le 21 janvier dernier à Rome, marquant une étape cruciale dans le développement de ce projet stratégique. L’UE a déjà classé cette initiative parmi les projets d’intérêt commun (PIC), soulignant son importance dans la stratégie de diversification énergétique européenne.
Le projet prévoit la réalisation d’un pipeline de 3.300 km, s’appuyant partiellement sur les infrastructures existantes comme le gazoduc Transmed. Les entreprises Sonatrach, Sea Corridor, Snam, VNG et Verbund collaborent actuellement sur des études techniques pour adapter et étendre ces infrastructures. La modernisation des installations existantes et la construction de nouveaux tronçons sont planifiées pour assurer un transport d’hydrogène commercialement viable.
Le projet prévoit l’implantation de grandes centrales photovoltaïques et éoliennes dans plusieurs régions d’Algérie. Des mécanismes de financement bilatéraux entre l’Algérie et l’Union européenne, incluant des garanties pour la stabilité réglementaire sont également prévus.
L’Algérie et les pays du Maghreb bénéficieront ainsi des retombées économiques significatives du projet, notamment en termes de création d’emplois et de transfert de compétences.
L’Algérie s’apprête, de ce fait, à devenir un acteur majeur dans la fourniture d’hydrogène vert vers l’Europe grâce à ce mégaprojet, qui vise à acheminer 4 millions de tonnes d’hydrogène annuellement d’ici à 2030. Ce qui transformera fondamentalement le rôle énergétique du pays sur la scène internationale.
Les deux parties ont également évoqué les initiatives régionales visant à encourager l’investissement vert et à accompagner la transition énergétique dans les pays du Bassin méditerranéen. Ceci travers des projets favorisant l’innovation, facilitant l’intégration des start-up et des petites entreprises dans le système des énergies renouvelables, en plus du soutien à la formation et du développement des ressources humaines, et la domiciliation de l’industrie des équipements et composants énergétiques, en focalisant sur le transfert de technologie, et de l’expertise européenne.
Lors de la rencontre, Yassaa a présenté un aperçu global sur les programmes nationaux de développement des énergies renouvelables, évoquant les progrès accomplis dans le cadre de la coopération tripartite entre l’Algérie, l’UE et l’Allemagne, notamment à travers le projet TaqatHy+ qui représente un modèle pour la coopération stratégique et reflète la volonté politique des partenaires de développer un partenariat à long terme dans le domaine des énergies propres.
TaqatHy+, un modèle pour la coopération stratégique
Cofinancé par l’UE et l’Allemagne, le projet a été lancé, il y a plus d’un mois, à Alger, en vue d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables, développer l’hydrogène vert et optimiser l’efficacité énergétique dans différents secteurs en Algérie.
Mis en œuvre par la GIZ (agence de coopération internationale allemande pour le développement), sous la supervision du ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, le projet Taqathy+ s’étalera jusqu’en mai 2029.
Financé par l’UE et le ministère fédéral allemand pour la Coopération économique et le développement (BMZ) à hauteur de 28 millions d’euros, le projet Taqathy+ s’inscrit dans le prolongement du projet Taqathy, lancé le 1er décembre 2022 et vise à déployer l’utilisation des énergies renouvelables, développer l’hydrogène vert et optimiser l’efficacité énergétique dans plusieurs secteurs.
Les objectifs de ce projet, qui se déclinent en cinq axes principaux, portent essentiellement sur le renforcement des capacités institutionnelles et techniques dans le domaine des énergies renouvelables, la création de conditions favorables à la mise en œuvre de projets d’énergies renouvelables, la mise à disposition d’outils pour le développement de l’économie de l’hydrogène vert, la mise en place d’une base de données sur les capacités nationales d’application de l’hydrogène vert, ainsi que la fourniture d’outils de planification et de suivi pour réaliser l’économie énergétique et réduire les émissions.
La rencontre a également permis d’aborder les «possibilités d’élargir la coopération au secteur des ressources minières rares, un élément essentiel dans le développement et le stockage de l’énergie renouvelable, et d’examiner les voies et moyens de promouvoir l’investissement dans ce domaine prometteur», selon le communiqué du ministère.
De son côté, Sannino s’est félicité de «l’évolution positive que connaissent les relations bilatérales», saluant le rôle de l’Algérie en tant que «partenaire fiable et stratégique dans la région».
Il a souligné, par ailleurs, «la disposition de l’UE à poursuivre le dialogue et renforcer la coopération dans de nouveaux domaines dans le secteur de l’énergie au mieux des intérêts communs des deux parties», conclut le communiqué.
K. B.