Les choses changent du côté du front de mer d’Alger. Le trottoir du boulevard Zighout-Youcef, allant du square Sofia (ex-Guynemer), au niveau de la Grande-Poste jusqu’à l’hôtel Es-Safir (ex-Aletti), a été élargi presque de moitié ces derniers mois.
Une large partie du port de la ville, celle qui est du côté de la poissonnerie, est en train de muter en promenade et en aire de repos. Elle attire déjà beaucoup de monde, dont des familles. Les nombreuses voûtes, qui servaient jusqu’ici de bureaux, d’entrepôts et de magasins, ont commencé à changer d’activité pour devenir, entre autres, des restaurants, des salons de thé, des cafés.
Le front de mer de Bab El-Oued, qui va de Qaâ Es-Sour, près de l’Amirauté, jusqu’à la petite plage de l’Eden, à l’entrée de Bologhine, connaît la même ambiance. Les travaux en cours, caractérisés par une importante prise sur la mer, la réalisation de trois autres piscines et la plantation d’arbres, lui donneront un nouveau look. Du coup, la vieille balade de 1,5 km allant du square Sofia à l’Amirauté se prolongera d’au moins un kilomètre de plus. Elle atteindra le quartier qu’on appelait autrefois Consolation, du côté du stade Ferhani Hanafi, ex-Cerdan, à Bab El-Oued.
La remarquable promenade du front de mer allant de la Grande-Poste à l’Amirauté, en parcourant les boulevards Zighout Youcef et Ernesto Che Guevara et la rue Saâdi et Mokhtar Benhafidh (ex- Anatole France), attire beaucoup de monde, dont des familles, une bonne partie de la journée, lorsque le beau temps est au rendez-vous. Elle offre une vue imprenable sur la baie d’Alger qu’elle surplombe de 15 mètres. Le panorama embrasse une bonne partie des quartiers est et sud-est d’Alger : Belcourt, Hamma, Hussein-Dey, Kouba, le bois des Arcades, Riadh El-Feth et El Mouradia. Lorsque le ciel est dégagé, la vue s’étend jusqu’aux premières cimes de l’Atlas et, en arrière-plan, des monts du Djurdjura.
L’élégance d’une promenade
Cette superbe promenade est bâtie sur toute sa longueur de 1,5 km, sur des voûtes étagées de un à trois niveaux, abritant pas moins de 350 magasins, bureaux et logements.
«Cette disposition unique en son genre et ses rampes majestueuses donnent un air de grandeur et d’élégance extraordinaire au port d’Alger», relevait déjà, il y a près d’un siècle et demi, un document intitulé Royaume de Belgique, recueil consulaire, T. 27, librairie européenne C. Muquardt, Bruxelles, 1880.
La première pierre du boulevard Ernesto Che Guevara (ex-République) fut posée le 18 septembre 1860 par l’impératrice Eugénie, épouse de l’Empereur Napoléon III, sur un plan élaboré par Charles Frédéric Chassériau, alors architecte en chef de la ville d’Alger. La réalisation des travaux avait été confiée à Sir Morton Peto, entrepreneur, patron d’une entreprise anglaise.
Les riches hiverneurs anglais, qui se réfugiaient nombreux en Algérie pour échapper aux rigueurs de l’hiver et du brouillard à couper au couteau de l’Angleterre, disposaient de magasins, de bars-restaurants, de clubs et d’épiceries vendant des produits de leur pays. Ils avaient construit de nombreuses villas dans le style mauresque sur les hauteurs d’Alger. Ils publiaient un journal en anglais sous le titre The Algerian Advertiser, fondé en 1885.
La promenade du front de mer est langée de splendides bâtiments à arcades de la même hauteur abritant, entre autres, l’APC d’Alger, des hôtels, dont Es-Safir (ex-Aletti, en actuellement en rénovation), le Conseil de la nation, la Banque centrale, l’Assemblée populaire nationale (APN), le siège de la wilaya édifié dans le style mauresque, la Fondation Asselah, le magnifique square Sofia (ex-Guynemer) et une partie de l’ancien Fort Bab-Azoun construit par Hassan Pacha en 1582. Détruite au début de la colonisation française, on avait construit sur ses ruines une caserne militaire. Le site conserve à ce jour quelques vestiges de la période de l’occupation ottomane d’Alger (1516/1830).
M. A. H.
