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Brahim Guendouzi, professeur d’économie à l’Université Mouloud- Mammeri de Tizi-Ouzou   : «La veille commerciale joue un rôle prépondérant pour anticiper les déséquilibres»

Les pouvoirs publics veulent assurer la régulation du marché en veillant à la stabilité de son approvisionnement en produis de large consommation. Quelles sont les solutions pour atteindre un tel objectif ?

La sphère de la distribution a toujours été le maillon faible de l’activité économique dans le pays, et ce, pour diverses raisons. La désorganisation des réseaux de distribution ne datant pas d’hier, leurs lacunes se sont révélées avec l’apparition de l’inflation en 2020, dont les facteurs déclenchants sont liés aussi bien aux retombées de la pandémie qu’aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement au niveau international, particulièrement pour les produits alimentaires. Les pénuries qu’a connues le marché algérien en produits de large consommation ainsi que la hausse importante des prix de la plupart des marchandises ont eu un effet négatif sur le pouvoir d’achat des ménages, d’une part, et la régularité des approvisionnements du marché en quantités suffisantes, d’autre part. Ceci a amené l’Etat à prendre des mesures coercitives à l’encontre des spéculateurs avec des poursuites judiciaires. D’autres mesures d’ordre organisationnel ont été prises comme l’ouverture de marchés de proximité, un plus grand contrôle par les services du ministère du Commerce, une coordination avec les producteurs et d’autres opérateurs économiques. Ceci a rendu donc effective la question de la régulation du marché et de l’activité de commercialisation des entreprises, notamment celles qui agissent dans le cadre de la couverture des besoins de la population.

 

Le gouvernement recourt souvent à des importations d’appoint, notamment durant les périodes de pénurie. Est-ce une solution ?

L’Algérie n’a pas encore atteint l’autosuffisance dans les produits de large consommation, mis à part pour les fruits et légumes. Certaines filières dépendent en grande partie de l’importation (céréales, lait, aliment de bétail) pour couvrir la consommation nationale. D’autres filières ont connu des perturbations par rapport à leur niveau de production insuffisant, comme par exemple le cas des viandes rouges et blanches. Ceci a amené les pouvoirs publics à prendre des mesures exceptionnelles d’importation pour couvrir les besoins nationaux en quantités et à des prix raisonnables, mais également en permettant aux éleveurs de pouvoir reconstituer les cheptels afin de pouvoir répondre par la suite à la demande nationale en viandes rouges et blanches. En définitive, l’importation de produits de large consommation s’avère un levier important dans la stabilisation du marché national, même si la facture en devises reste contraignante pour le Trésor public.

Le ministère du Commerce vient de créer une cellule de veille qui aura pour principale mission d’analyser les éléments de stabilité du marché national en termes de capacités de production et de transformation, en proposant des solutions intelligentes afin de développer une production locale durable utilisant des technologies modernes.

La veille commerciale joue un rôle prépondérant pour pouvoir anticiper les déséquilibres susceptibles d’apparaître sur le marché, particulièrement par rapport aux biens de large consommation. L’Algérie étant un pays importateur de premier plan par rapport à certains produits sensibles, le suivi rigoureux du niveau de la consommation, la production nationale et le nombre de producteurs, les quantités à importer et l’évolution des prix à l’international, etc., seront des variables à maîtriser pour espérer assurer une meilleure maîtrise sur le marché et l’évolution de la demande nationale. Avec la numérisation, la veille commerciale sera normalement aisée à réaliser et incontestablement elle constitue un instrument moderne dans la gestion et la régulation des approvisionnements du marché national.

Le ministère du Commerce a également décidé un plafonnement des prix de certains produits. Quel est votre avis à propos d’une telle mesure ? 

Le plafonnement des prix d’une catégorie de biens, souvent de large consommation, mais subissant une forte perturbation en termes de prix, notamment à l’international comme récemment le café qui est totalement importé, ou encore les légumes secs pour conforter les quantités disponibles sur le marché et éviter les disparités dans leur commercialisation, reste un instrument de stabilisation provisoire. L’essentiel est que les prix sont libres, mis à part les produits de première nécessité (semoule, farine, lait huile et sucre) car subventionnés par l’Etat. 

La régulation passe par l’encouragement de la production nationale. Etes de vous de cet avis ?

La production nationale doit être encouragée, et en en même temps protégée de la concurrence déloyale des importations. L’effort d’investissement doit être soutenu pour arriver à moyen terme à assurer l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture et l’industrie de transformation représentent en effet des secteurs à privilégier et consolider, car assurant l’essentiel des biens alimentaires pour la consommation des ménages.

L’on doit expliquer que par toutes ces mesures les pouvoirs publics veulent protéger le pouvoir d’achat des citoyens et assurer la sécurité alimentaire.  

Il est clair qu’une production nationale importante tant en quantité que par rapport à sa diversité est susceptible de répondre globalement à la demande des ménages. C’est, aussi, une façon d’assurer la stabilité des prix en évitant les fortes fluctuations des cours des matières premières et des produits alimentaires sur le marché international. Maîtriser les prix, c’est en fin de compte permettre la stabilisation du pouvoir d’achat des citoyens et éviter la spirale inflationniste qui pourrait être préjudiciable pour l’équilibre dans la société.

Entretien réalisé par Badreddine K.

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