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Des banques tunisiennes refusent des crédits à long terme

 

 

Quelques mois seulement après leur entrée en vigueur au début de l’année en cours, les nouvelles mesures décidées par le gouvernement tunisien visant à limiter les profits des banques font peser des menaces sur le marché du crédit à long terme.

Des banques privées opérant sur le marché tunisien ont, en effet, affiché leur intention d’aller vers la suspension l’octroi de crédits au-delà de 15 ans, risquant ainsi de fermer l’accès des ménages tunisiens à des crédits immobiliers notamment.

Visant à réduire les coûts d’empreint, la nouvelle loi entrée en vigueur en janvier dernier impose de nouvelles mesures réglementaires ayant pour but, selon le gouvernement de Kaïs Saied, de «soutenir les ménages tunisiens dans un contexte de crise économique croissante».

A cet égard, les dispositions de la nouvelle loi bancaire tunisienne donnent l’opportunité aux emprunteurs, parmi lesquels les ménages, de bénéficier de réductions de taux d’intérêt de 50% sur certains prêts à taux fixe, ce qui oblige en conséquence les banques à accorder des montants prescrits de prêt sans intérêt.

«Nous avons reçu des instructions verbales (de la direction de la banque) pour cesser (d’accorder) des prêts à terme fixe avec des maturités supérieures à 15 ans», a déclaré un haut responsable d’une banque privée opérant sur le marché tunisien à l’agence Reuters, tout en précisant que ces instructions ont été données verbalement afin d’éviter toute trace écrite qui pourrait entraîner d’éventuelles sanctions des autorités financières du pays contre la banque.

Des responsables de deux autres banques privées ont confirmé cette volonté d’aller vers la suspension de crédit à long terme, en affirmant, selon la même source, avoir reçu des instructions similaires, dont l’un a expliqué que l’objectif recherché par sa banque est de «réduire les risques financiers résultant des prêts à faible coût, qui augmentent la pression sur les banques et la distribution des dividendes attendus aux actionnaires».

 

Des mesures risquant de provoquer une nouvelle hausse de l’inflation

 

Estimant que cette décision des banques privées, voulant aller vers le gel des prêts à long terme, est une réponse aux nouvelles mesures réglementaires mises en œuvre par le gouvernement, l’analyste financier et ancien directeur de la politique budgétaire à la Banque centrale de Tunisie, Mohamed Souilem, n’est pas moins catégorique que cette nouvelle donne «pourrait affecter la notation de crédit des banques, et les Tunisiens auront désormais de réelles difficultés à obtenir des prêts immobiliers».

De son côté, l’expert économique tunisien Moez Hadidene précise que le refus de ces banques d’accorder des crédits à long terme est «une pratique tout à fait normale», rappelant que «la législation ne les oblige pas à le faire que dans des cas spécifiques», comme en présence d’un contrat avec un client détenteur d’un compte épargne depuis 4 ou 5 ans.

Pour rappel, sur le marché tunisien, 19 banques privées sont actives, sous la direction de la BIAT et Attijari Bank, dont des banques étrangères, et quatre grandes banques publiques.

Dans une nouvelle analyse du marché tunisien au mois de mars dernier, l’agence de notation Fitch Ratings s’est penché sur les effets potentiels de la nouvelle réglementation bancaire mise en œuvre au début de cette année, en mettant en garde que cette dernière «pourrait réduire le bénéfice annuel combiné des banques tunisiennes de 11%», au même titre que la révision à la hausse du taux d’imposition des sociétés sur les bénéfices des banques, qui est passé de 35% à 40% depuis janvier, estimant que cette mesure «pèsera également sur la rentabilité».

Outre les banques commerciales, le président tunisien avait aussi demandé de procéder à la réforme de la loi régissant la Banque centrale afin que le gouvernement puisse emprunter directement auprès de celle-ci que de solliciter les banques à des taux élevés. Une mesure qui pourrait provoquer un nouveau départ à la hausse de l’inflation pour les analystes.

Enfin, il importe de souligner que ces nouvelles mesures interviennent dans un contexte où la croissance économique en Tunisie n’a pas dépassé 1,4% au cours de l’année précédente et les finances publiques du pays sont en forte baisse, entraînant des pénuries de produits de base essentiels, comme les céréales et le sucre.

Ahmed A.

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